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Première rencontre

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L'homme était d'origine celte - peau très claire et teint volontiers rubicond  - le regard bleu et perçant à la limite de l'insoutenable … ( très jupitérien, ce qui en ce cas précis n'est pas une fanfaronnade ! )

Après avoir un temps fait des recherches, il avait découvert qu'un de ses ancêtres avait suivi celui que l'on nomma " Le Prince Noir " à l'époque de la Guerre de Cent Ans pour y faire souche dans le Sud-Ouest.

A la fin de sa vie, une touriste anglaise s'exclama un jour en le croisant,  " Hao !  … Henri Eight !!! "
 
Coïncidence, il avait toujours rêvé interpréter ce personnage au théâtre. Le sort en décida autrement, ce qui arrive souvent, tout comédien vivant avec la perspective de jouer un rôle précis qui sert en quelque sorte de but à atteindre tout en constituant l'objectif qui permet d'avancer. La quête du Graal en quelque sorte.

La première fois que je le vis c'était dans le foyer du Théâtre de Troyes où investissant de toute sa large stature le fauteuil Louis XIV dans lequel il était installé, il donnait ses cours ...

La salle était tout en longueur et il fallait parcourir une incroyable distance pour arriver jusqu'à lui. Plus d'une jeune postulante juchée sur ses talons - qu'à l'époque on portait fort hauts -  l'émotion aidant, s'y est tordue la cheville.

Plusieurs décennies après je me demandai toujours comment j'avais fait pour parvenir jusqu'à cet impressionnant personnage, le coeur battant la chamade, les jambes ne me portant plus.

Lui, toisait mon parcours parfaitement conscient de l'impression produite. Au moment de m'exprimer, je constatai ne plus avoir une goutte de salive en bouche.

Il me donna rendez-vous une ou deux semaines plus tard " quand tu seras prête, pas avant " me laissant le soin de choisir le texte à auditionner et précisant que je ne devais pas revenir sans le savoir " au rasoir "

Ce qui advint. J'avais pour la circonstance choisi " Les plaintes du chantre " de Boileau. Il m'écouta attentivement de bout en bout sans m'interrompre ( pour cette fois ) me déclara que je n'avais pas de physique ( sic ) mais qu'en revanche, j'avais " quelque chose dans le ventre " ! Et plus un poil de sec sans nul doute.

Mes 17 ans souffrirent du verdict se rapportant au physique ( qui à l'époque avait plus d'importance au théâtre que maintenant ) mais ma combativité en fut stimulée. Une nouvelle ère venait pour moi de s'ouvrir ; elle dura 18 ans.

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